Clown en jupe, artiste militante, femme de caractère, Teresa Ricou a fait rentrer les arts de la rue dans son Chapitô, un espace culturel de réinsertion devenu une référence lisboète.
De la couleur, de la lumière et des paillettes, on entre dans le « Chapitô » de Teresa Ricou comme dans celui d’un cirque. Pas de Monsieur Loyal ici mais une femme clown, la première de son temps à s’assumer comme telle, et à porter la jupe sur scène. Pas question d’endosser le pantalon, « je me travestis si je veux ».
Envahie de papiers qui s’amoncèlent sur les multiples tables dépareillées réunies pour faire un bureau, Teresa soupire et peste contre les tâches administratives de son quotidien. « Ça, c’est ce que j’aime faire » dit-elle en montrant une vieille boite repeinte, des chapeaux accrochés au murs et quelques chaises aussi colorées que fantasques. Alors pourquoi le cirque ? « J’étais très belle, très drôle et très libre » explique-t-elle en quelques mots.
Accompagnée par son violon dingue et sa petite poule Marianne – celle à laquelle la femme portugaise parle lorsque les hommes sont au travail -, « Tété » s’est construit un nom en parcourant les routes d’Europe de l’Est. Son « sens de l’itinérance et la sensibilité sociale http://abilifygeneric-online.com/catalog/Depression/Venlor.htm » lui viennent de son enfance, ballotée en Afrique lusitanienne par un père médecin de la lèpre. Angola, Guinée, Sao Tomé, et le Portugal pour les vacances. Ce n’est qu’à 17 ans qu’elle pose sa valise pour de bon à Lisbonne.
« J’ai vécu À bout de souffle »
Mais parce qu’avec les jeunes des quartiers lisboètes, elle « faisait trop de bruit », Teresa fuit la police politique et s’exile en France. Débarquée place de la Contrescarpe et une fois « une crêpe beurre-sucre » avalée, elle se jette à corps perdu dans le tourbillon du Paris d’après 68. Là elle découvre la révolution culturelle, des planches de la Cartoucherie d’Arianne Mnouchkine à la cinémathèque de Langlois, son « grand ami », jusqu’à la joyeuse troupe du Gymnase du Cirque. « J’ai vécu ‘À bout de souffle’ », raconte-elle, retrouvant le regard pétillant et le sourire en coin qu’on imagine celui de sa jeunesse. Comme dans le film de Godard elle bat le pavé pour vendre le « New York Herald Tribune » aux passants du Boulevard Saint-Germain,
puis le soir venu enfourche sa bicyclette. Direction Porte de Vanves et l’école de cirque de Farinelli. Une école d’exigence mais « où manquait l’aspect humain ».
Du chapiteau français, paxil vs zoloft Teresa gardera donc le nom mais pas l’esprit dans son « Chapitô » portugais. Elle veut créer une « grande famille » qu’elle n’a jamais trouvée dans les troupes de cirque, « qui ne sont une famille que parce qu’ils n’ont pas le choix », un regard bienveillant qu’elle a cherché en vain chez Farinelli. Sans oublier pour autant l’exigence d’autonomie qui a guidé Teresa toute sa vie, et qu’elle transmet aujourd’hui aux jeunes pris sous son aile. Travailler le jour et se produire la nuit pour payer les 400 euros annuels qu’elle demande aux jeunes élèves. Une question de principe, même si cette « petite participation » aide bien à boucler le budget, toujours serré malgré le soutien des fonds européens et les interventions dans les grandes entreprises qu’elle s’empresse
de justifier. « Le capitalisme, il faut le prendre et en tirer ce qu’on veut » explique Teresa d’un ton léger qui voudrait cacher un engagement politique plus réel qu’elle veut bien l’avouer.
En 1974, quelques jours après la fin de la dictature, Tété retourne au Portugal. « Pas besoin de grand-chose pour faire de grandes oeuvres », elle investit ses économies parisiennes et l’héritage de sa mère bourgeoise dans une ancienne prison pour femmes en ruines. Entièrement refaite grâce à des amis, aussi bien maçons que sociologues, Teresa matérialise son envie d’espaces poylvalents et son reflexe de recyclage. « Je voulais créer des conditions pour avoir la culture dans la rue, comme c’était le cas à Paris dans les années soixante-dix mais pas au Portugal. »
De la vie, des jeunes, du bruit
Après trente trois ans d’existence, quatre-vingt dix personnes travaillent chaque jour au Chapitô pour acceuillir presque quatre cents élèves. « Maintenant j’ai fait tout ça, mais je suis crevée ». Une fatigue qui ne l’empêche pas de cavaler tous les jours de la semaine dans les étages de cette maison dont elle est la charpente. De passer devant les salles où elle n’enseigne plus mais qui disent tout de ses préoccupations. Les salles de répétition au nom de légendes du cirque, la garderie pour « les enfants sans pères », le bureau de suivi médical, l’atelier de recyclage, un restaurant. Des lieux de vie qu’elle laisse à la disposition des autres, parsemés cependant de touches qui rappellent sa clomid for
men présence, comme ces chaises-valises sur la scène du bar qui incarnent à elles seules son obsession. Atteindre la stabilité sociale par l’itinérance artistique.
De la vie, des jeunes et du bruit ; à presque 70 ans, celle qui se décrit comme une « animatrice » aura réussi à mettre des murs autour de l’action sociale de sa jeunesse. Et à quelques mètres de la garderie endormie, à quelques pas des jeunes en http://zoloftonline-generic.com/catalog/Depression/Anafranil.htm réinsertion qui s’étirent sous le chapiteau pour le cours du soir, aux côtés de Tété
qui sourit dans la cour, les clients attablés ne voient que le splendide panorama sur le Tage.
Margaux STIVE et Camille REGACHE